Peut-on revenir sur un divorce par consentement mutuel ?


Le divorce par consentement mutuel est souvent présenté comme une procédure simple et rapide pour mettre fin à un mariage. Cependant, il arrive que l’un des ex-époux souhaite revenir sur cette décision ou contester certains aspects de la convention de divorce. Est-ce réellement possible de remettre en question un divorce par consentement mutuel une fois qu’il a été prononcé ? Quelles sont les options légales dont disposent les ex-conjoints insatisfaits ? Cet article fait le point sur les possibilités et les limites de la contestation d’un divorce à l’amiable. 🤔

Les principes du divorce par consentement mutuel

Avant d’examiner les recours possibles, il est important de rappeler les caractéristiques essentielles du divorce par consentement mutuel :

Une procédure amiable basée sur l’accord des époux

Le divorce par consentement mutuel repose sur un accord total entre les époux, à la fois sur le principe du divorce et sur toutes ses conséquences. Les deux conjoints doivent être d’accord pour divorcer et trouver un terrain d’entente sur le partage des biens, la garde des enfants, la pension alimentaire, etc. C’est cette entente qui permet de divorcer rapidement, sans passer devant un juge (sauf exceptions).

Une convention de divorce rédigée par les avocats

L’accord des époux est formalisé dans une convention de divorce, rédigée par leurs avocats respectifs. Cette convention détaille tous les aspects du divorce : partage du patrimoine, résidence des enfants, pension alimentaire, prestation compensatoire… Elle est signée par les deux époux et leurs avocats.

Un enregistrement par un notaire qui rend le divorce définitif

Une fois signée, la convention est envoyée à un notaire qui l’enregistre au rang de ses minutes. C’est cet enregistrement qui donne force exécutoire à la convention et rend le divorce définitif. Le mariage est alors officiellement dissous.

Un principe d’irrévocabilité de la convention

En théorie, la convention de divorce par consentement mutuel est irrévocable. Elle ne peut pas être contestée par les époux ou par des tiers une fois qu’elle a été enregistrée par le notaire. Ce principe vise à sécuriser le divorce et éviter les remises en cause ultérieures.

Les possibilités de contester un divorce par consentement mutuel

Malgré le principe d’irrévocabilité, il existe quelques options pour remettre en cause certains aspects d’un divorce par consentement mutuel dans des cas bien précis :

Le pourvoi en cassation avant l’enregistrement par le notaire

Dans un délai de 15 jours suivant la signature de la convention, les époux peuvent former un pourvoi en cassation. Ce recours ne permet cependant pas de revenir sur le contenu de la convention. La Cour de cassation vérifie uniquement que la loi a été correctement appliquée dans la procédure.

L’action en complément de part en cas de lésion

Si l’un des époux estime avoir été lésé de plus d’un quart dans le partage des biens, il peut demander un complément de part dans un délai de 2 ans suivant le divorce. Par exemple, si un bien a été sous-évalué lors du partage. Cette action vise à rétablir l’équilibre du partage.

L’action en partage complémentaire pour un bien oublié

Lorsqu’un bien commun a été oublié dans le partage initial, les ex-époux peuvent demander un partage complémentaire, sans limite de temps. Cette procédure permet d’inclure le bien oublié dans le partage, soit à l’amiable, soit devant le juge.

La révision des mesures concernant les enfants

Les dispositions relatives aux enfants (résidence, droit de visite, pension alimentaire) peuvent toujours être révisées par le juge aux affaires familiales en cas de changement de situation. Cette possibilité existe quel que soit le type de divorce prononcé.

La révision de la prestation compensatoire

Dans certains cas, la prestation compensatoire fixée dans la convention peut être révisée judiciairement, notamment si elle est versée sous forme de rente. Un changement important dans les ressources ou les besoins des ex-époux peut justifier une révision.

Les limites à la contestation d’un divorce par consentement mutuel

Si quelques recours existent, il faut souligner que les possibilités de remettre en cause un divorce par consentement mutuel restent très limitées :

Impossibilité de revenir sur le principe même du divorce

Une fois le divorce prononcé, il est impossible de revenir sur la dissolution du mariage. Le consentement donné au divorce est définitif. Les ex-époux ne peuvent pas demander l’annulation du divorce pour « changer d’avis ».

Difficulté à prouver un vice du consentement

Théoriquement, la convention pourrait être annulée pour vice du consentement (erreur, dol, violence). Mais en pratique, c’est très difficile à prouver puisque les époux sont assistés d’avocats et bénéficient d’un délai de réflexion avant de signer.

Pas de recours des tiers

Les tiers (créanciers par exemple) ne peuvent pas contester directement la convention de divorce. Ils peuvent uniquement agir si la convention a été conclue en fraude de leurs droits.

Impossibilité de modifier unilatéralement la convention

Un ex-époux ne peut pas modifier seul les termes de la convention de divorce. Toute modification nécessite l’accord des deux parties et doit faire l’objet d’un nouvel acte authentique ou d’une homologation par le juge.

Les conséquences d’une contestation du divorce

Lorsqu’une action en justice est engagée pour contester certains aspects du divorce, cela peut avoir plusieurs effets :

Remise en cause partielle de la convention

Si l’action aboutit, seuls certains éléments de la convention peuvent être modifiés (partage des biens, prestation compensatoire…). Le principe du divorce n’est pas remis en cause.

Nouvelle procédure judiciaire

La contestation implique généralement une procédure devant le juge aux affaires familiales, avec les coûts et délais que cela suppose. L’assistance d’un avocat est obligatoire.

Incertitude sur l’issue

Le résultat d’une action en justice n’est jamais garanti. Le juge appréciera souverainement s’il y a lieu de modifier la convention initiale.

Risque de conflit entre les ex-époux

La remise en cause du divorce peut raviver les tensions entre les ex-conjoints et compromettre les relations apaisées qui avaient permis le divorce par consentement mutuel.

Les précautions à prendre lors d’un divorce par consentement mutuel

Pour éviter les contestations ultérieures, il est essentiel de bien préparer son divorce par consentement mutuel :

Choisir un avocat compétent et disponible

L’avocat joue un rôle crucial dans la procédure. Il faut s’assurer qu’il est spécialisé en droit de la famille et qu’il prendra le temps de bien conseiller son client.

Être transparent sur sa situation financière

Les époux doivent fournir des informations complètes et exactes sur leur patrimoine et leurs revenus. Toute dissimulation pourrait justifier une remise en cause ultérieure.

Prendre le temps de la réflexion

Il ne faut pas se précipiter pour signer la convention. Le délai légal de 15 jours est un minimum, mais rien n’empêche de prendre plus de temps pour bien réfléchir.

Prévoir des clauses de révision

La convention peut inclure des modalités de révision pour s’adapter aux changements futurs (évolution des revenus, déménagement…).

Bien évaluer les biens à partager

Une expertise peut être utile pour estimer correctement la valeur des biens importants (immobilier, entreprise…) et éviter les contestations futures.

L’évolution possible de la législation

Le divorce par consentement mutuel sans juge est encore relativement récent en France. Il est possible que la législation évolue pour mieux encadrer les possibilités de contestation :

Un contrôle renforcé du notaire ?

Le rôle du notaire pourrait être étendu pour vérifier plus en détail l’équilibre de la convention avant de l’enregistrer.

Un délai de rétractation ?

Un court délai pourrait être instauré après l’enregistrement pour permettre aux époux de se rétracter s’ils ont des regrets immédiats.

Une procédure simplifiée de révision ?

Une procédure allégée pourrait être créée pour réviser certains aspects de la convention sans passer par une longue procédure judiciaire.

Les alternatives au divorce par consentement mutuel

Si les époux craignent de ne pas pouvoir revenir sur leur décision, d’autres options de divorce existent :

Le divorce accepté

Les époux acceptent le principe du divorce mais laissent le juge trancher sur ses conséquences. Cela offre plus de garanties judiciaires.

Le divorce pour altération définitive du lien conjugal

Ce divorce peut être demandé après 1 an de séparation, sans avoir à prouver une faute. Il permet de divorcer même sans l’accord de l’autre époux.

La séparation de corps

Cette option permet de rester mariés tout en étant séparés légalement. C’est une solution pour ceux qui ne sont pas sûrs de vouloir divorcer définitivement.

En conclusion, s’il est théoriquement difficile de revenir sur un divorce par consentement mutuel, quelques recours limités existent pour corriger certains déséquilibres ou erreurs. La meilleure approche reste toutefois de bien préparer son divorce en amont, avec l’aide d’un avocat compétent, pour éviter toute contestation ultérieure. Le divorce par consentement mutuel reste une option intéressante pour les couples qui souhaitent se séparer à l’amiable, mais il ne faut pas le prendre à la légère. Une réflexion approfondie et des conseils juridiques avisés sont essentiels avant de s’engager dans cette procédure. 🤝💼